WINTZENHEIM 39-45

Florine LANGWEIL-EBSTEIN (2)


Madame Langweil, une femme aux facettes multiples !

Précédemment je me suis attaché à découvrir l’Alsacienne de Paris, grande patriote et mécène, promotrice de la culture française dans sa province natale. Dans le présent article, je vais essayer de cerner un autre personnage : l’experte en art extrême-oriental et la Parisienne au vaste cercle d’amis.

Comme je l’ai déjà indiqué, Florine Langweil-Ebstein est née à Wintzenheim (Haut-Rhin), le 10 septembre 1861, dans une modeste famille juive du bourg. A l’âge de vingt ans, orpheline, elle monta à Paris, chez une cousine qui tenait une pâtisserie alsacienne et juive. Elle aidait au service des clients et ainsi rencontra Charles Langweil, de vingt-cinq ans son aîné, antiquaire, mais peu empressé dans ses affaires.

Huit ans après le mariage, le mari est parti un jour, abandonnant son épouse et leurs deux filles, ne laissant que des dettes.

Avec Charles Langweil, la villageoise alsacienne, sans culture, avait découvert une vie assez luxueuse, à l’écart des affaires, élevant ses filles, comme c’était habituel dans ce milieu. Mais voilà que, du jour au lendemain, Florine seule doit faire face. Elle reprit donc le magasin, situé 4 boulevard des Italiens, se lançant dans un monde qui, alors, ne laissait aucune place aux femmes, le monde des affaires.

Madame Langweil, antiquaire avisée

Qui mieux que Madame Langweil peut raconter son histoire ? Jean R. Debrix rapporte l’entretien :

« Lorsque je vins pour la première fois à Paris, en 1882, je ne pensais évidemment pas que je passerais ma vie au milieu des antiquités chinoises et japonaises. Ce fut mon mariage qui, ainsi qu’il arrive à presque toutes les jeunes femmes, décida de mon avenir.

Mon mari était commissionnaire en marchandises, mais ne s’occupait à peu près exclusivement que de la vente des bibelots modernes, qui valaient du reste assez cher à l’époque. Lorsque je l’épousai, nous décidâmes de ne plus nous occuper que des objets d’art anciens et, abandonnant la vente des chinoiseries et japoneries modernes à nos concurrents, nous installâmes un magasin d’antiquités.

Je me passionnai tôt pour les peintures et sculptures de l’ancienne Chine et du vieux Japon, qui étaient -il faut bien le dire- à peu près inconnues en Europe, à cette époque. Du moins très rares étaient les personnes qui savaient acheter et recherchaient l’authenticité des bibelots. Tout un marché nous était donc ouvert, et il y avait une mode à lancer.

- L’entreprise n’aurait-elle pas été follement téméraire pour une personne peu expérimentée ?

- Sans doute. Mais j’avoue que, si j’ai pu réussir, c’est grâce à une intuition particulière, à un certain flair – c’est le mot - qui m’a appris dès le début d’éviter les erreurs. Je parle des erreurs grossières, car vous pensez bien qu’il m’est arrivé quelquefois de me tromper, ou d’être trompé. D’ailleurs, à chaque fois que j’ai fait une erreur, je puis dire que j’ai fait un progrès.[1]

Ikeda Kazutsugu, 1864 Anonyme, 19ème siècle Harutsugu, 18-19ème siècle

Trois tsubas (gardes de sabres) parmi les 61 offerts au musée
Collection Musée Unterlinden (photos Octave Zimmermann)

A l’époque, l’art japonais, était connu depuis peu donc trop souvent mal estimé. Ce fut l’exposition universelle à Paris en 1867 qui avait mis le Japon à la mode et ce goût fut encore renforcé par le premier congrès international des Orientalistes tenu à Paris en 1873. Dans les années 1880-1890, des magasins se créèrent dans le négoce d’objets d’art oriental. Florine Langweil, qui en avait pressenti l’avenir, avait déjà, sur une « intuition géniale », comme elle aimait à dire, décidé la réorientation : la spécialisation de son magasin dans cet art. Elle avait liquidé hardiment tout le reste, c’est-à-dire toute cette pacotille élaborée en Extrême-Orient à l’intention des amateurs européens et américains. Elle établit solidement la réputation de la maison qui prospéra et devint l’un des premiers centres artistiques parisiens de l’époque.

Boîte à médicaments (inrô)
Anonyme, 19ème siècle
Boîte à médicaments (inrô)
Détail
Vase chinois époque Ming 15ème siècle
Don de Mme Langweil, 1927

Collection Musée Unterlinden (photos Octave Zimmermann)

Madame Langweil, experte en art extrême-oriental

Ses connaissances, Madame Langweil ne les avaient pas acquises dans des livres et des écoles, mais en regardant, en cherchant, « en se trompant », comme elle le disait plaisamment dans sa vieillesse. C’est ce qui la fit connaître et reconnaître dans ce monde si exigeant des collectionneurs et l’amena à devenir l’un des plus grands spécialistes de l’art extrême-oriental en son temps. Pour se faire une idée de sa notoriété, voilà ce que sa fille Berthe Noufflard en raconte dans « La maison d’affaires de Madame Langweil », souvenirs rassemblés en vue de la préparation du catalogue de la vente de ses collections.

« Importation directe d’objets d’art anciens de la Chine et du Japon ». Tel était le titre que ma mère avait inscrit sur la grille de sa maison, place Saint-Georges. Et c’est l’occupation qui a rempli sa vie de 1893 à 1913.

Très vite elle s’était intéressée aux estampes et aux objets japonais qui arrivaient en Europe à la fin du siècle dernier et avait aidé ainsi les précurseurs de ce temps-là dans leur découverte de l’art extrême-oriental. Parmi eux : Louis Gonse, Gillot, Vever le grand joaillier, même Clémenceau qui collectionnait les kogos, petits pots à parfums en céramique coiffés d’un couvercle d’ivoire, M. Gasnault, le fondateur du Musée des Arts Décoratifs. De grands artistes furent pris d’admiration pour cet art, et connurent vite le chemin du magasin qui était alors 4, boulevard des Italiens, au fond de la cour : Degas, Toulouse-Lautrec, Henri Rivière entre autres.[2]

Arsène Alexandre, journaliste, se souvenant de ce temps, écrivait dans le Figaro, en 1913 : «...Jadis, c’était dans un petit local du boulevard des Italiens, près du passage de l’Opéra, au rez-de-chaussée d’une cour un peu sombre, qu’elle exerça son rôle de révélatrice. La sensation y était singulière, en sortant du fourmillement boulevardier, de se trouver soudain à l’autre bout du monde, parmi des entassements de couleurs, de lueurs, de formes qui étaient d’un ciel si différent. Déjà les curieux, avertis par la passion et par l’instinct, venaient dénicher là maintes choses rares. Des savants comme Burty, des fondateurs de musée comme Guimet des hommes de goût excellent comme R. Koechlin, des artistes comme Henri Rivière faisaient modestement d’importantes trouvailles, et c’était à tout point de vue un plaisir, car on savait que, pour le prix « avec Madame Langweil on s’arrangeait toujours ». En vérité, elle avait tant de plaisir à recevoir ces fervents, à en voir s’augmenter le nombre, que pour cette marchandise sans analogue, la question de bénéfice semblait n’exister point. L’art avant tout régnait dans ce recoin délicat et loyal...

Un jour, le petit magasin du boulevard des Italiens dut renoncer à recevoir tant de choses magnifiques et altières. Madame Langweil acheta alors cette vaste, accueillante et aristocratique maison de la place Saint-Georges, dont l’inauguration fut une des plus charmantes féeries de Paris. Jamais on n’y eut l’impression d’un « magasin » mais celle d’une demeure des Mille et une Nuits, dont l’hôtesse magicienne avait pris la figure d’une femme du monde, affable et parfaite. Que de choses dans ces salons ! Que de scintillement de cristal, d’améthyste, de chrysoprase ! La caresse des jades, la noblesse des bronzes massifs, les couleurs si richement effacées des céramiques, le sourire des Bouddhas ! Tout cela ne peut se décrire.[3]

« A l’art japonais, ma mère préféra l’art chinois quand, peu à peu, de beaux objets lui furent envoyés de Chine, de plus en plus anciens à mesure qu’on les découvrait, à mesure qu’on s’y intéressait davantage. Elle eut affaire alors aux amateurs de céramique, comme M. Grandidier ; les porcelaines données par lui au Louvre et qui sont maintenant au Musée Guimet, comptent bien des exemplaires qui viennent de chez elle. Et les artistes, les gens du monde, les grands personnages, alors que ces beaux objets devenaient à la mode, décoraient leurs demeures de beaux laques, de précieuses porcelaines et de jades, continuant ou retrouvant une tradition qui remonte aux 17ème et 18ème siècles, mais par des objets beaucoup plus anciens et plus particulièrement chinois que ceux qu’avait importés autrefois la Compagnie des Indes. Cartier composa des bijoux en se servant de jade, cette pierre dure à peu près inconnue jusque-là dans nos pays. Ma mère eut l’idée de lui demander une chaîne d’or garnie de boules de jade vert, tenues entre deux perles fines. Je crois bien que ce fut-là le premier bijou fait en France avec des jades. »

Un jour, dans un « arrivage » de Chine, on vit surgir un grand paravent à fond d’or tel qu’on n’en connaissait et qu’on n’en connaît encore aucun autre. Ce fut un événement. Dans le New York Herald, Georges Bal écrivit à ce propos : « On a beaucoup parlé ces jours derniers, dans le petit cénacle des grands amateurs d’art chinois, d’un merveilleux paravent qu’aurait reçu depuis peu Madame Langweil dans ses galeries de la place Saint-Georges. Je me suis empressé, aussitôt qu’il m’a été signalé, d’aller le voir, et j’ai pu me rendre compte qu’on n’avait rien exagéré... »[4] Georges Bal ajoute : « Madame Langweil m’a dit qu’elle était fermement résolue à ne pas se séparer de son paravent, quelles que fussent les offres tentantes qui pourraient lui être faites... » Et elle a tenu parole. Quelque temps après, un autre paravent, aussi beau, aussi rare, avec son grand décor d’arbres, de nuages et d’ibis, composition unique elle aussi, vint s’ajouter aux grands objets qu’elle tenait à conserver.

Des années plus tard, Jean R. Debrix, ayant visité les salons de la demeure de Madame Langweil, rue de Varennes, en dresse une description enthousiaste :

« ...Dominant ce décor de conte de fées, aussi grands qu’un pan de mur, éployés comme des voilures de jonques surchargées d’ornements, portant sur eux tous les paradis asiatiques enchevêtrés d’oiseaux , de fleurettes, de ramures et de nuages, voici les deux paravents célèbres en laque de Coromandel, joyaux de la collection et objets de concupiscence pour les conservateurs de tous les musées du monde.

L’un d’eux, laqué d’un noir profond comme les mers abyssales, s’orne, dans le bas, de frondaisons arachnéennes ; des hérons et des grues huppées y promènent les nervures ondoyantes de leurs ailes et de leurs pattes, sous des nuages polychromes. « Epoque Kang-Hi, 17ème siècle, me dit mon aimable cicérone. Le paravent est signé, daté, et porte l’inscription « Exécuté pour une vieille dame en l’honneur de son fils, qui fut un magistrat intègre ». Tout le décor signifie Bonheur et Longévité… Celui-là est de la même époque. Les tableaux rectangulaires du haut représentent les douze plus beaux paysages de la Chine. Chose curieuse, l’envers est également peint et figure l’arrivée en Chine des premiers Hollandais. » Ce paravent offre la plus étonnante symphonie en or clair qui se puisse imaginer. Par endroits, les vernis de couleurs vives rappellent la bigarrure des plumes du faisan. Une large bordure, capricieusement découpée, s’agrémente de mille petits motifs mobiliers : vases théières, poteries, brûle-parfums et trépieds bas. Au centre enfin, courant de feuille en feuille, un prestigieux fouillis d’oiseaux et de branchages, de fleurs et de ruisseaux, d’un art délicat et charmant. »[5]

Après sa mort et selon sa volonté, les collections de Madame Langweil furent vendues. Le paravent d’or, celui où figurait l’arrivée en Chine des premiers Hollandais, fut acheté par le Rijksmuseum d’Amsterdam. Quant au second, le noir aux ibis, il fut offert au musée Guimet, qui l’avait hébergé et sauvé pendant les jours sombres de l’Occupation.

Pour son approvisionnement en objets d’art exceptionnels, Madame Langweil avait mis au point des méthodes bien personnelles et très efficaces. Quand, en 1913, elle se retira des affaires, elle avait l’intention de préparer un long voyage en Chine qu’elle projetait de faire en 1915… Plus tard elle s’en ouvrit à Jean R. Debrix et celui-ci s’étonna :

« Vous n’êtes jamais allée en Chine ?...

- Jamais. Qu’y aurais-je fait ? De Paris je dirigeais une équipe d’agents et de prospecteurs qui parcouraient à ma place la Chine, le Japon et la Corée. Je leur faisait faire des fouilles, comme celles de Shan-Si, en 1909, en les suivant sur la carte.

- Vous risquiez de sérieux déboires, il me semble.

- J’en eus très peu. Mes hommes travaillaient à la prime, c’est-à-dire qu’au lieu d’un pourcentage à la vente, ils recevaient une forte récompense à l’achat, si leurs acquisitions avaient été heureuses. Inversement, si je considérais un de leurs envois comme inacceptable ou simplement inintéressant, il était convenu que je leur retournerais leurs caisses, immédiatement et à leurs frais.

- Avez-vous été obligée de le faire ?

- Une fois seulement, pour l’exemple. Mais il est incontestable que c’est grâce à ce système, sévère donc efficace, que je pus ne mettre en vente que des objets d’art d’une authenticité et d’une beauté irréprochables.»[6]

Vraiment, Madame Langweil était une experte hors pair et sa notoriété dépassait de loin les frontières. « En 1926, reçue en audience particulière, elle eut à se prononcer sur un vase rapporté au Saint-Père par une troupe de missionnaires. L’année suivante, sur l’instigation de l’abbé Wetterlé, elle fut à nouveau invitée à Rome par le Vatican pour expertiser les pièces les plus importantes qui figuraient dans les collections privées de la papauté. (Elle n’y trouva d’ailleurs pas que d’authentiques chefs d’œuvres…) »[7]

Éventail japonais. Anonyme, 19ème siècle Détail montrant la finesse d'exécution du dessin

Collection Musée Unterlinden (photos Octave Zimmermann)

Neuf pages d'un merveilleux album japonais. Anonyme, 19ème siècle
Collection Musée Unterlinden

Madame Langweil et son cercle d’amis, de collectionneurs et artistes

Le magasin de Madame Langweil était un rendez-vous obligé pour les collectionneurs, artistes et amateurs d’art de l’époque. Sa fille, Berthe Noufflard, le rappelle.

« En 1910 arrivèrent les premières belles peintures chinoises et le figures de fouilles : terres cuites faites dans le même esprit que le Tanagra. Ma mère organisa deux expositions en 1910 et 1911 de ces peintures et de ces figurines chez Durand-Ruel, qui attirèrent une grande affluence et firent l’effet d’une découverte. Anatole France aimait particulièrement deux portraits d’un beau style, un homme et une femme, et Rodin acheta toute une vitrine de statuettes.

Les personnages les plus importants visitaient la maison : la reine Marie de Roumanie, le roi Alexandre de Serbie, le grand-duc Paul et sa femme, le grand-duc Alexis venaient voir et acquérir des objets. Les gens les plus divers l’ont fréquentée : Henri Rochefort et Robert de Montesquiou, M. Groult et Henri de Régnier, Gertrude Stein, Edmond Rostand, d’Annunzio… Surtout il y eut les grands habitués, nos fidèles amis : le professeur Fournier, son fils et sa femme, les deux frères Rouart, collectionneurs parmi les plus célèbres, amis de Degas, alliés à Manet et à Berthe Morisot, Henri Rivière, Jean-Jacques Reubell, M. Gentien qui aimait les jades « sans défaut » et les beaux Corot, M. Mutiaux au goût exquis, le peintre Jacques-Emile Blanche. Souvent on y voyait la marquise de Ganay et sa sœur la comtesse de Béhague qui s’amusaient tant à venir « déballer » quand arrivaient les caisses de Chine. »[8]

Parmi tous ces collectionneurs, Madame Langweil n’était pas la moindre. Parallèlement à son affaire, sachant conserver pour elle les plus beaux objets de ses importations, elle constitua sa propre collection, d’une richesse, d’une finesse, d’une beauté incomparables.

C’est dans ce cercle d’amis collectionneurs et artistes que Berthe grandit et prit goût au dessin et à la peinture. Lorsque, très jeune fille elle se mit à peindre, c’est Henri Rivière, peintre, graveur et collectionneur qui l’encouragea et la guida. Grand ami de la famille, il avait su découvrir dans l’adolescente primesautière et passionnée l’œil d’un vrai peintre ; dès lors, il saisissait toutes les occasions de la former en lui faisant admirer de belles choses. Vers 1905, la jeune fille commença à travailler la peinture avec Jacques-Émile Blanche, un autre habitué de la maison.

Madame Langweil mécène pour le musée d’Unterlinden, à Colmar

Consciente de la pauvreté des musées d’Alsace en œuvres d’art en général, et plus particulièrement en œuvres des écoles françaises, elle adressa de très nombreux dons aux musées des Beaux-Arts de Strasbourg, de Mulhouse et d’Unterlinden de Colmar.

Dès 1913, liquidant son enseigne de la place Saint-Georges, elle organisa des envois d’objets d’art d’abord vers Strasbourg, puis, entre les mois de janvier et d’avril 1914, quatre envois de caisses d’objets des ses collections au musée d’Unterlinden. Le premier envoi comprenait une collection de 61 tsubas (gardes de sabres du Japon) en fer et en cuivre du 15ème au 18ème siècle (ill. 1); le second était constitué d’objets japonais (huit inrô – boîtes à médicaments - du 16ème au 18ème siècle – ill. 2) et chinois (une peinture de l’époque Ming du 16ème siècle, des statuettes et des tuiles de faîtage, deux vases Han, 200 av. J.-C. à 200 apr. J.-C. ...) Les autres envois étaient tout aussi riches et variés. Pour éclairer le profane, elle accompagnait ses dons de notices descriptives, d’ouvrages spécialisés sur la peinture et l’art extrême-oriental.

Le 13 juillet 1923, le musée d’Unterlinden inaugura la salle Langweil, où fut exposée toute sa collection d’objets extrême-orientaux qu’elle continua d’enrichir de ses dons.

Depuis son domicile parisien, la donatrice veillait jalousement sur les trésors confiés à la garde de la Société Schongauer, gestionnaire du musée d’Unterlinden. Ainsi, en 1931, où il fut question d’apposer des étiquettes bilingues, français et allemand, elle prit sa plume et adressa une missive au conservateur pour lui indiquer sa ferme volonté de voir les objets de la salle Langweil présentés exclusivement en français.

Lettre du 7 mai 1931

De même, en 1939, elle est révoltée par l’idée que l’on voulût transférer des objets de sa collection vers le musée d’Histoire naturelle. Une fois encore, elle s’insurge et tient à rappeler au conservateur, Jean-Jacques Waltz, à qui elle avait offert ces objets.

Extrait de la lettre du 3 juin 1939

En 1949, Florine Langweil fit don du portrait de Joseph Le Coeur peint par Auguste Renoir, ainsi que de quatre toiles issues de sa collection personnelle : son propre portrait avec ses deux filles peint en 1905 par son ami Jacques-Emile Blanche, Vue du port d’Edouard Dufeu, Vieille paysanne de Théodule Ribot, Marché à Venise de Lucien Simon.

Florine Langweil-Ebstein, fille de Wintzenheim, montée à Paris, s’est forgé une personnalité exceptionnelle, en tous points exemplaire : experte en art extrême-oriental, grande patriote attachée à sa ville natale, philanthrope et mécène pour sa province alsacienne.

Gérard LINCKS ( Article paru dans l'Annuaire n°11 - 2007 de la Société d'Histoire de Wintzenheim)

[1] Jean R. DEBRIX, La « fée du sourire » et son palais des mille et une merveilles, 1935.
[2] Berthe NOUFFLARD, La maison d’affaires de Madame Langweil, 1959.
[3] Arsène ALEXANDRE, Fin d’un rêve d’art, article paru dans Le Figaro, le 11 novembre 1913.
[4] Georges BAL, article paru dans l’édition parisienne du New York Herald, le 19 mars 1908.
[5] Jean R. DEBRIX, op. cité.
[6] Jean R. DEBRIX, op. cité.
[7] Jean R. DEBRIX, op. cité.
[8] Berthe NOUFFLARD, op. cité.

Sources :
- Jean R. DEBRIX – La « Fée du sourire » et son palais des mille et une merveilles – La vie en Alsace – 1935
- Archives du Musée d’Unterlinden
- Société Schongauer – Histoire du Musée d’Unterlinden et de ses collections– 2003
- Photos de pièces de la collection Langweil au musée d’Unterlinden : Octave Zimmermann
- Pour donner un portrait aussi authentique que possible de Madame Langweil, je me suis reporté à l’ouvrage André Noufflard, Berthe Noufflard, leur vie, leur peinture, une évocation par leurs filles et leurs amis. Il a servi de fil conducteur et de nombreux passages en sont extraits. Qui mieux que la famille et les proches peuvent en parler. Merci à ces auteurs.

Remerciements :
Mmes Pantxika De Paape et Frédérique Goerig, Musée d’Unterlinden pour l’accueil, la mise à disposition de documentation et de reproductions d’œuvres.

 

Marché à Venise
Peinture de Lucien Simon (1861-1945)
Don de Mme Langweil en 1949 - Inv. 88.RP.459
Collection Musée d’Unterlinden (photo Octave Zimmermann)

Vue du Port
Peinture d’Édouard Dufeu (1840-1900)
Don de Mme Langweil en 1949 - Inv. 88.RP.79
Collection Musée d’Unterlinden (photo Octave Zimmermann)

Vieille paysanne
Peinture de Théodule Ribot (1823-1891)
Don de Mme Langweil en 1949 - Inv. 88.RP.415
Collection Musée d’Unterlinden (photo Octave Zimmermann)

Théodule Ribot est apprécié pour son style réaliste, sobre et vigoureux

Joseph Le Cœur (1871-1872)
Peinture d’Auguste Renoir (1841-1919)
Don de Mme Langweil en 1949 - Inv. 88.RP.413
Collection Musée Unterlinden (photo Octave Zimmermann)

Auguste Renoir est un des créateurs de l’impressionnisme


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