WINTZENHEIM 39-45

Le Groupe de chasse 3/3 "Ardennes"


Le Groupe de Chasse 3/3 Ardennes dans la Bataille de la Poche de Colmar

Commandant du Groupe : Cdt Vinçotte (14 novembre 1943 - 17 mars 1945)
1ère Escadrille, Bleu : Cne Gruyelle, Cne Brian
2ème Escadrille, Rouge : Ltt Moret (27 septembre 1944)
Base Ambérieu : 30 octobre 1944
Base Luxeuil : 2 janvier 1945
Base Dôle-Tavaux : 13 février 1945

Marcel Fareu aux commandes de son avion JANIK, nom composé à partir des prénoms de son épouse Jeanne, et de ses filles Annie et Monique (collection Monique Cormier, née Fareu)

Le groupe de chasse 3/3, qui n'a pas de lien avec le GC III/3 dissout lors de l'armistice, est mis sur pied le 14 novembre 1943 à Rayack au Levant et débute son entraînement sur Hurricane. L'Ardennes Squadron est créé le 1er janvier 1944. Le 1er février 1944, il touche ses Hurricane Mk IIC et est rattaché à St-Jean-d'Acre au Squadron 209 RAF. Il rejoint l'Afrique du Nord le 30 avril 1944 pour être affecté au Coastal Command avec le 2/3. Le 10 juin 1944, il est rattaché à la 4ème Escadre et devient le GC 3/3 Ardennes. Il dispose de Hurricane Mk IIC et de P40. Le 17 juillet 1944, il quitte Bône-les-Salines pour la Réghaïa. Le groupe récupère les P39 du 1/4 au cours de l'été. Le 30 septembre 1944, il est transformé sur P47 puis rejoint Salon-de-Provence. Il s'installe à Le Vallon le 16 octobre 1944, puis à Bron le 26 octobre. Le 30 octobre, le groupe rattaché à la 4ème Escadre avec le 1/4, 2/5 et 2/3 arrive à Ambérieu et débute les opérations sur les Vosges et l'Alsace. En novembre le mauvais temps limite l'activité du groupe. Le 8 décembre, il est officiellement affecté à la 4ème Escadre.

Au début du mois de décembre 1944, le groupe dispose de vingt-quatre appareils dont dix-huit sont disponibles pour trente-cinq équipages. Ce chiffre tombe à huit appareils disponibles pour vingt-sept équipages à la fin du mois. Le mauvais temps ne va permettre que onze jours d'activité. Le 16 décembre, le 3/3 utilise pour la première fois des bombes au Napalm contre les villages du Kaiserstuhl. Le lendemain l'intervention de trois patrouilles permet d'arrêter net une contre-attaque allemande.

Au cours du mois de décembre 1944 le groupe effectue 183 sorties.

Un P47 Thunderbolt du Groupe Ardennes sur la base de Luxeuil.
Pierre Aubert se trouve à droite (collection Alice Aubert)

Le 2 janvier 1945, le 3/3 quitte Ambérieu pour Luxeuil. La persistance d'une météo calamiteuse va le maintenir dans l'inaction avec seulement douze jours d'activité. Ces mauvaises conditions perturbent également son déménagement qui est réalisé par petits groupes au détriment de la disponibilité des appareils en raison de la dispersion des moyens et des difficultés logistiques. Le dernier échelon rejoint Luxeuil le 14 janvier.

En janvier le 3/3 comptabilise 106 sorties. Il faudra attendre le retour d'un temps moins mauvais à partir du 16 février pour que les pilotes reprennent une activité normale. Durant la bataille de la poche de Colmar cinq appareils du 3/3 sont accidentés en raisons d'ennuis techniques ou de sorties de piste sur le terrain de Luxeuil, dont quatre durant la seule journée du 2 février. Le 13 février, le 3./3 s'installe à Dôle, car la piste de Luxeuil est détrempée, puis retourne à Luxeuil le 17 mars 1945.

Entre le 30 octobre 1944 et le 8 mai 1945, il totalise 2275 sorties.

Source : L'armée de l'air dans la bataille de la poche de Colmar, 5 décembre 1944 au 10 février 1945, Yves Le Clair et Brigitte Kolb, Musée Mémorial des Combats de la Poche de Colmar

Jagd Bombers (Jabos) était le nom donné par les Allemands aux chasseurs-bombardiers P-47 Thunderbolt alliés qui avaient la maîtrise du ciel à cette époque. Le P-47 fut aussi très employé dans l'attaque des objectifs au sol. Armé de 8 mitrailleuses 12,7 mm Browning et de 10 roquettes de 127 mm, il était redoutable et causait des dégâts irréversibles aux convois par route ou chemin de fer.

Wintzenheim

Sur cette photo, on reconnaît Pierre Aubert devant un P-47 équipé d'une bombe qui porte l'adresse de son destinataire : pour Adolf
(collection Paul Aubert)
Parmi tous les groupes de chasse français équipés de P-47, seuls ceux du 3/3 "Ardennes" portaient les fameuses bandes de débarquement noires et blanches dites "d'invasion", ainsi qu'une croix de Lorraine blanche sur la dérive)


Wintzenheim

Aviateurs du Groupe Ardennes devant la Brasserie Imbach à Wintzenheim lors de la fête de la Victoire le 13 mai 1945, avec trois jeunes filles en alsaciennes.
De gauche à droite : Urbain Caluzio, Irène Dangel, Pierre Aubert, Alice Finance, Albert Motte, Lucie Weiss
(collection Alice Aubert)

Le groupe Ardennes à Colmar-Houssen et à Wintzenheim

Le 9 avril 1945 le groupe fait mouvement à Wintzenheim et effectue, à partir de Colmar où sont basés ses P47 Thunderbolt, des missions de protection de P51 et de destruction de sites de V1. L’armistice venu, le groupe continue sa mission d’entraînement et effectue des défilés aériens en mai et en juin.

Pierre Aubert raconte : 

Le jeune sergent mitrailleur puis sergent mécanicien armement Pierre Aubert à vécu cette période qui, dès la libération de la poche de Colmar achevée, vit arriver les avions depuis Luxeuil sur l'aérodrome de Colmar, un grand pré avec une piste alvéolée d'où forteresses volantes et autres bombardiers décollaient, chargés de bombes pour anéantir les derniers nids de résistance allemands jusqu'au 8 mai 1945.

Wintzenheim devrait avoir en mémoire les derniers jours du conflit, alors que l'aviation cantonnait dans la commune. Trois équipages furent enterrés en grande pompe au cimetière de Wintzenheim. Le sergent-chef Pauly, avait été abattu par la Flack le 29 avril 1945, alors qu'il attaquait la gare de Bludenz (Autriche) au bord du lac de Constance. Sa tombe, actuellement à Sigolsheim, resta longtemps à Wintzenheim, les autres ayant été récupérées par les familles.

Le groupe de chasse 3/3 "Ardennes" était cantonné à Wintzenheim et y resta presque six mois avant de partir pour l'Allemagne. Le jour de l'armistice toute la population dansait à l'usine Schiele (Jaz), et ce pendant huit jours. Le groupe "Ardennes" s'était parfaitement intégré à la population malgré son personnel un peu cosmopolite où se trouvaient des Français issus de la métropole, des Hindous, des Chiliens, et aussi des Alsaciens qui avaient rallié les Forces aériennes françaises libres après pas mal d'aventures et de souffrances dans les prisons allemandes, espagnoles ou encore du régime de Vichy.

A Wintzenheim la situation était la suivante : à l'hôtel Meyer (actuellement Cristal) logeaient les officiers, c'était leur mess. Les sous-officiers avaient le leur au restaurant Imbach (actuellement Chez Lucien) et logeaient chez l'habitant. Les hommes de troupe étaient à l'usine délaissée par les Schiele Industriewerke (site Jaz), où dans un local adjacent logeaient des prisonniers allemands qui étaient employés à diverses servitudes et corvées... En réalité, tout le monde était partagé chez l'habitant où grâce aux rations militaires US la vie n'était pas trop pénible, les fumeurs étaient comblés, les enfants avaient leurs friandises, etc... Certaines voitures particulières pouvaient à nouveau circuler (chose rare à l'époque) grâce à l'essence d'avion.

Les mariages et naissances qui suivirent ce séjour prolongé en furent la suite logique, l'état-civil de la mairie est là pour en témoigner...

Pierre Aubert raconte également que si Wintzenheim fut bombardé par l'artillerie, il échappa de très peu à une opération aérienne qui avait pour objectifs d'une part l'usine Schiele où se fabriquaient des appareils de bord pour la Luftwaffe et la Kriegsmarine, et d'autre par les caves du Bierkeller où s'était camouflé un état major allemand. Cela n'aurait pas été sans pertes civiles, malgré les précautions ordonnées. Tout ceci fut d'abord retardé à cause de brouillards persistants, et ensuite abandonné vu l'évacuation par les Allemands.

Source : Wintzenheim - Après le 5 février 1945 : les aviateurs aussi (article de presse, janvier 1995)

Le 1er septembre 1945, le groupe "Ardennes" est basé à Niedermendig-RFA (dans les environs de Coblence) puis à Kottenheim-RFA à compter du 14 octobre. Le groupe est dissous le 10 avril 1946.


WintzenheimPierre Aubert était Sergent mécanicien armement au Groupe Ardennes.
Il est décédé à Colmar le 29 mars 2002, dans sa 82ème année
(photo Alphonse Voegtli, collection Alice Aubert, née Finance)

Le terrain de Colmar-Houssen en mars-avril 1945

Au mois de mars-avril 1945, s'y trouvaient les groupes de chasse suivants : le 3/3 Ardennes, le 2/5 La Fayette, le 2/3 Dauphiné. Ces trois groupes étaient équipés de P-47 Thunderbolt dernier modèle avec verrière de type goutte d'eau. Il y avait également deux groupes de reconnaissance, le 1/33 Belfort et le 2/33 Savoie équipés de P-51 Mustang et de P-38 F-5B Lighting. Était aussi présente une section de projecteurs D.C.A., une compagnie d'artillerie de l'air équipée de canons Bofort de 40 m/m ainsi qu'une compagnie de réparations et récupération, la C.R.R. 84. En plus de tout cela, il y avait des avions de passage, qui venaient pour cause d'avaries (Flak), d'ennuis mécaniques, ou pour se ravitailler en carburant et munitions. On pouvait distinguer des Forteresses Volantes B-17, des Marauder français et anglais et des Spitfire anglais. Bon nombre de Colmariens doivent encore se souvenir des avions qui décollaient lourdement chargés, et qui passaient à ras du clocher de l'église Saint-Joseph lorsque les décollages avaient lieu dans le sens nord-sud. Durant quelques jours, le général Koenig y eut son avion personnel, une forteresse volante B-17 baptisée Bir-Hakeim.

Après la signature de l'armistice, les avions ont quitté Colmar au cours des mois d'août et de septembre. Les avions de reconnaissance se sont installés à Fribourg, les Groupes 3/3, 2/5 et 2/3 ont fait mouvement sur Koblenz et Niedermending avec la C.R.R. 84 et l'artillerie de l'air. Quelques avions sont restés encore quelques temps pour différents motifs, révision et récupération de divers matériels.

Source : notes personnelles de Pierre Aubert (collection Paul Aubert)



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