5 juin : enterrement du pilote Jacques Pauly, abattu par la Flak le 29 avril 1945 alors qu'il attaquait la gare de Bludenz
(collection Alice Aubert)
Le Groupe "Ardennes" était représenté par son commandant et par ses officiers. A gauche, le maire Emile Tannacher
(collection Fernande Gavillot)
Mardi dernier 5 juin fut enterré le pilote Jacques Pauly, de Paris. Il fut mortellement blessé le 29 avril 1945 lors d'un vol au-dessus de l'Autriche (abattu par la Flak alors qu'il attaquait la gare de Bludenz), et son corps fut ramené à Wintzenheim, où il reposera. A 17 heures, le cortège se rassembla devant l'hôpital. Le Groupe "Ardennes" auquel appartenait le pilote, était représenté par son commandant et par ses officiers. Le maire Tannacher et l'ensemble du conseil municipal représentaient les autorités civiles. Le cercueil était couvert du drapeau tricolore, et disparaissait sous une mer de fleurs. A l'heure dite, le cortège funèbre se mit en marche. Devant le cercueil marchaient les enfants des écoles, le personnel enseignant, la clique des sapeurs-pompiers, et la musique municipale. Il était escorté par des camarades de régiment du défunt, et par des Alsaciennes. Derrière, le deuil était conduit par des membres de la famille, le maire Tannacher, le commandant du Groupe Ardennes ainsi que l'aumônier général. Suivaient des officiers et des soldats du Groupe Ardennes, les Anciens Combattants avec leur drapeau, les FFI conduits par l'abbé Vuillemin, les sociétés locales, ainsi que les habitants de la commune. A l'église, l'aumônier des aviateurs présida la messe de requiem, relevée par des prestations de la Chorale et de la Musique. L'homélie fut prononcée par l'aumônier Finet. Après la cérémonie religieuse, le cercueil fut dressé sur la place de l'église, où les enfants des écoles chantèrent "La Victoire ou la Mort" sous la direction du directeur d'école Basler. Après la Sonnerie aux Morts, le maire Tannacher et M. Luckert, président des Anciens Combattants dirent quelques mots avant de déposer des couronnes sur le cercueil. Pour terminer, le commandant du Groupe Ardennes rappela la brillante carrière du jeune aviateur avant d'agrafer au cercueil, au nom du Général de Gaulle, la Croix de Guerre à titre posthume. La cérémonie funèbre se termina par la Marseillaise, puis le cortège se mit en marche pour le cimetière, où le cercueil fut déposé en terre alsacienne, aux sons de la musique et d'une salve d'honneur.
Source : Le Nouveau Rhin Français - N° 88 - Jeudi 7 juin 1945
Huit jours plus tard, enterrement des pilotes Marcel Fareu et Charles Rozier, tués dans une collision aérienne le 6 juin 1945 à Nordhouse
(collection Fernande Gavillot)
Il y a à peine huit jours que notre population a enterré un des soldats cantonnés dans la commune, que déjà les cloches sonnent à nouveau le glas pour deux pilotes tombés au cours d'une mission. Il s'agit du sous-lieutenant pilote Marcel Fareu de Bordeaux et du sergent-pilote Charles Rozier de Lyon (tués dans une collision aérienne au cours d'un vol d'instruction le 6 juin 1945 à Nordhouse, Bas-Rhin), accompagnés à leur dernière demeure par une nombreuse assistance. Lundi dernier 11 juin, les deux cercueils furent dressés à la Chapelle Notre-Dame et vers 17 heures furent portés en cortège vers l'église. Le deuil était conduit par les familles des deux pilotes, le maire Tannacher et le commandant du Groupe "Ardennes".
Dans le cortège funèbre se trouvaient également les pompiers avec leur clique, le conseil municipal, les FFI avec leur drapeau, les sociétés locales, les enfants des écoles avec le corps enseignant, et de nombreux habitants de la commune. Les cercueils des défunts étaient escortés par leurs camarades, ainsi que par des Alsaciennes. A l'issue de la messe à l'église, l'aumônier Finet rendit hommage aux disparus. Ensuite, sur la place de l'église, eut lieu la cérémonie militaire au cours de laquelle le commandant du groupe de chasse a remis à titre posthume la Croix de la Légion d'Honneur au sous-lieutenant pilote Fareu. Il voulut par ce geste honorer un de ses meilleurs pilotes, un jeune officier arraché à ses rangs à la veille de sa permission. Le sous-lieutenant Fareu avait obtenu une permission afin de pouvoir participer à la première communion de sa fille. Dieu l'a voulu autrement. De la place de l'église, le cortège s'est dirigé vers le cimetière où les deux cercueils ont trouvé leur dernier repos sous une salve d'honneur.
Source : Le Nouveau Rhin Français - N° 93 - Mercredi 13 juin 1945 (traduction Fernande Gavillot)
Marcel Fareu aux commandes de son
avion
(collection Monique Cormier, née Fareu)
Je suis née en 1938, donc en pleine époque tourmentée, mais jusqu'à 7 ans, je ne me souviens pas avoir beaucoup souffert de ces moments dans le quotidien de ma vie de petite fille, très entourée par une famille aimante. Mais il est certain que je garde en mémoire l'instant douloureux de ma première communion. Chaque moment de cette journée, chaque endroit, presque chaque mot et chaque cri me reviennent en mémoire, et je n'avais pourtant que 7 ans. Ce devait être une journée de grand bonheur qui nous aurait trouvés tous réunis, mais la vie en a décidé autrement...
Source : lettre du 2 août 2004 adressée à Guy Frank
Le 25 juin, fut enterré le sous-lieutenant André Denaix, mortellement blessé
au cours d'un entraînement en vol le 21 juin à Mulheim
(collection Fernande Gavillot)
En allant à l’église, le cercueil est porté par les pilotes du groupe de chasse « Ardennes »
(collection Alice Aubert)
Après la célébration, le cortège se rend au cimetière par la rue de la Petite Porte
La série des accidents d'avions touchant le Groupe Ardennes stationné à Wintzenheim ne semble pas vouloir prendre fin. C'est ainsi que le lundi 25 juin, fut à nouveau porté en terre un sous-lieutenant, André Denaix, tombé peu de jours auparavant (mortellement blessé au cours d'une séance d'entraînement en vol rasant le 21 juin 1945 à 12 km de Mulheim en Allemagne). Il a été enterré dans notre cimetière, près de ses trois camarades....
Source : Le Nouveau Rhin Français - N° 106 - Jeudi 28 juin 1945
Copyright SHW 2020 - Webmaster Guy Frank