WINTZENHEIM 39-45

12 janvier 1945 : incendie rue de la Victoire


Pluie d'obus sur Wintzenheim

Le 12 janvier, après une matinée relativement calme, l'artillerie s'était manifestée plus bruyamment vers le soir. Quelques temps après la tombée de la nuit, à partir de 18h30, plusieurs obus de gros calibre s'abattirent sur la localité. Un obus toucha la maison du Dr Kretz située dans la rue Principale (actuel 47 rue Clemenceau), un autre éclata devant les immeubles Gaudel et Gspann et les endommagea, deux autres projectiles tombèrent dans l'actuelle rue de la Victoire, qui, à l'époque avait été dénommée "Wolfsgasse" et n'était qu'un cul-de-sac avec deux ruelles perpendiculaires au fond, également en impasse.

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Les décombres après l'incendie qui dévasta les maisons rue de la Victoire, qui n'était jusque là qu'une impasse.
Au bout de la rue, on aperçoit la maison Pflimlin, rue Clemenceau (photo Roger Hirlemann)

Tragique incendie rue de la Victoire (Wolfsgasse)

Ces obus provoquèrent un incendie qui se propagea avec une extrême rapidité car le quartier était un seul pâté de maisons très anciennes où le bois constituait un aliment de choix pour le feu. Celui-ci gagna bientôt les immeubles Aloyse Muller, Louis Dietrich, la grange et l'écurie de M. A. Muller, la maison Jules Schuller, où avait habité la famille Joseph Jung, et les maisons des familles Albert Bernhart, veuve Kling et André Ziebolt. 

Faisant fi du danger, les pompiers, sous le commandement de M. Kleim, se mirent aussitôt à combattre le feu. Des civils et des militaires se joignirent à eux. Malheureusement, ils ne disposaient que d'une modeste pompe à bras alimentée par la fontaine publique. Les tuyauteries gelèrent très vite, car neige et froid glacial sévissaient (-18°). Afin de poursuivre le combat contre le feu, une chaîne de solidarité humaine se mit en place, qui se passait les seaux d'eau de main à main. On y vit des femmes, dont les vêtements aussi étaient gelés par l'eau, et qui pourtant continuèrent stoïquement à aider. 

Un quart d'heure à peine s'était écoulé depuis le début de l'opération de sauvetage quand un nouvel obus éclata au milieu des pompiers, des militaires et des civils. Ce fut alors un véritable carnage : cinq pompiers, quatre civils et une dizaine de soldats furent tués sur le coup, un pompier et deux autres civils devaient succomber à leurs graves blessures dans les jours qui suivirent. Cinq autres habitants furent grièvement blessés, dont deux restèrent infirmes.

Voici la liste des tués de cette terrible nuit d'épouvante. Pompiers : Zehler Émile, Joerg Frédéric, Meyer Eugène, Parmentier Paul et Jung Joseph. Civils : Schuller Jules et son fils Pierre (14 ans), Ziebolt Eugène, Riedinger Paul. Le lendemain matin, les habitants se recueillirent devant les dépouilles alignées dans la cour du presbytère. Plusieurs blessés avaient été évacués sur Colmar où de nouveaux décès furent à déplorer dans les jours qui suivirent : Bernhart Albert, le pompier Muller Joseph, et Mlle Blauler Marie. Avaient également été blessés : Mme Kling et sa fille Antoinette, Mlle Roth Mariette, Braun Joseph qui devint aveugle et Mlle Ziebolt Lucie qui fut amputée d'un pied.

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Le lendemain matin, il ne restait plus qu'un tas de décombres (photo Roger Hirlemann) 

La main de la providence

Un grand calme succéda à l'éclatement de l'obus meurtrier, l'épouvante avait pétrifié les survivants. Les pompiers interrompirent leur combat contre les flammes et pendant quelques minutes on n'entendit plus que le crépitement de l'incendie, le lointain roulement de la canonnade et les gémissements étouffés des blessés. Lorsque les sauveteurs se ressaisirent enfin, le froid avait gelé l'eau dans les tuyaux et les pompiers durent capituler. Certains y voient la main de la providence car vers 22 heures, un autre obus éclata au milieu du sinistre. Mais il n'y avait plus personne aux alentours.

Le lendemain, alors que l'incendie continuait, d'autres projectiles tombèrent encore dans le même quartier et en divers endroits de la cité. Et le cauchemar continua. De ci, de là, les obus semèrent la dévastation, causant d'autres victimes. Le 17 janvier, M. Jamm fut tué et plusieurs autres personnes blessées. 

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Les maisons de la rue de la Victoire en ruines (photo Roger Hirlemann)  

Hommage à la Croix-Blanche

Il faut rendre ici un hommage tout particulier aux membres de la Croix-Blanche, société de secourisme bien structurée qui existait à Wintzenheim avant la guerre et fut transformée en Croix-Rouge pendant la guerre. Auguste Kleim en fut le président et le Dr Max Oppenheimer le conseiller technique. Les membres de cette section ont eu un mérite particulier au cours de cet évènement tragique, car ils ont pu sauver la vie à plus d'un compatriote.

Sources : DNA du 13 janvier 1965, Bulletin Municipal de Wintzenheim mars 1985, Plauderstund ewer Wenzena

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A droite, maisons de la rue Serpentine, actuelle rue François Dietrich (collection Aimé Bauer) 


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