WINTZENHEIM 39-45

La dernière lettre d'Eugène Boeglin


Lettre à sa famille écrite la veille de son exécution

Kopie aus dem Bundesarchiv (copie des archives fédérales à Berlin)

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Wichtig : Nie von der Strafsache schreiben, sonst wird der Brief nicht weiterbefördert,
Nie gefütterte Umschläge verwenden
UNTERSUCHUNGSANSTALT STUTTGART–
Urbanstrasse 18A Eingang Archivstrasse

Absender : Boeglin Eug.
Anschrift des Empfängers : Joh. Boeglin, Winzenheim

Stuttgart, den 31.Mai 1943
Mein liebes Kindchen,
Liebe Frau, Liebe Eltern u. Geschwister u. Geschwäger
Liebe Freunde alle.
Ich sende Euch allen meinen letzten
irdischen Abschiedsgruss u. Abschiedskuss.
Unsere Hoffnungen auf irdische Begnadigung sind nicht
in Erfüllung gegangen. Gottes heiligster Wille geschehe
also. Wir müssen alle stark sein und uns in seinen

NB : Les lignes soulignées en rouge dans l’original (en noir dans la transcription) sont le marquage de la censure interdisant la communication du courrier.

Important : Ne jamais rien écrire à propos de la condamnation sous peine de rétention du courrier.
Ne jamais utiliser d’enveloppe doublée
UNTERSUCHUNGSHAFTANSTALT - STUTTGART
Urbanstrasse 184 – Eingang Archivstrasse.

Expéditeur : Boeglin Eug.
Adresse du destinataire : Joh. Boeglin, Winzenheim

Stuttgart le 31 mai 1943
Mon cher petit,
Ma chère femme, chers parents, frères et sœurs, chère famille,
Chers amis, vous tous.
Je vous envoie à vous tous mon dernier
adieu et dernier baiser avant de quitter cette terre.
Nos espoirs d’obtenir une grâce terrestre ont été déçus.
Que la Très Sainte Volonté du Seigneur s'accomplisse donc.
Nous devons tous garder courage et nous soumettre

 

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Willen, mit voller Hingabe schicken. Mein Tod wird schon
für etwas gut sein …Wenn der liebe Gott das schwerste
Opfer meines Lebens fordert - so weil er findet, daß ich
hiernieder meine Bestimmung erfüllt habe, und
daß in seine unerforschlichen, weisesten Absichten
mein
Tod einen „höheren Sinn“ als mein Leben haben muss.
Das ist mein Glaube. Ich denke durch meinen Tod, den ich
freiwillig dem Herrgott aufopfere - in Vereinigung mit dem
Tod unseres Heilands - dass ich viel vor Gott von meiner
Schuld wieder gut machen kann - u. auch vor den Menschen
das Ärgerniß, daß ich durch mein gottloses Irrtum - gege-
ben habe. - Ich sehe mit größter Zuversicht dem Tode in
die Augen : ich weiß u. glaube - er ist nicht ein Ende - sondern
ein Übergang, ein Anfang ! Ich habe mich so gut ich konnte mit Gottes-
Gnade auf diesen Tod vorbereitet - alles Leid ihm als Sühne
aufgeopfert - Nun nimm noch meinen Tod hin als Opfer der..
Reue, der Sühne, des Gehorsams, der Hingabe an Gott - „In te Domine
speravi non confundar in aeternum“. In Dich habe ich gehofft-
Herr, ich werde nicht zur Schande werden. Der göttl. Heiland, der
für uns so schwer gelitten - und seine göttl. - Mutter - Maria -
zu denen ich jeden Tag viel für meine Todesstunde gebetet
habe - werden mich nicht verlassen. - Meine letzte Worte werden
einen Schrei sein : „Schmerzhafte Mutter Gottes“ - nimm mich

entièrement à sa volonté en lui accordant toute notre confiance.
Ma mort sera certainement utile à quelque chose...
Si le Bon Dieu exige de moi le plus grand
sacrifice de ma vie, - c’est qu’il estime que j’ai
accompli ma mission ici-bas , et que,
dans ses desseins les plus impénétrables et dans sa sagesse infinie, ma
mort doit avoir une valeur supérieure » à celle de ma vie.
C’est ce que je crois. Je pense que par ma mort que j’ai choisi d’offrir
au Seigneur - en union avec la
mort de notre Sauveur - que devant Dieu, je pourrai me racheter
de beaucoup de mes fautes, mais aussi devant les hommes
que j’ai blessés par mon erreur impie.
C’est avec la plus grande confiance que je regarde la
mort en face : je sais et je crois - la mort n’est pas une fin - mais
un passage, un commencement ! Avec la grâce de Dieu, je me suis préparé aussi bien que possible
à cette mort, - je lui ai offert toutes mes souffrances en
expiation de mes fautes. Accepte maintenant aussi ma mort
en rémission de mes fautes, en signe de ma repentance, de ma soumission et de mon abandon à Dieu.
« In te Domine speravi, non confundar in aeternum“ J’ai espéré en toi, Mon Dieu,
je ne serai pas couvert de honte. Notre très Saint Sauveur
qui a tant souffert pour nous- et sa très sainte Mère -Marie-
que j’ai priée chaque jour pour son intercession à l’heure de ma mort
ne m’abandonneront pas. Mes dernières paroles
seront un cri : « O Mère de Dieu, Mère des Douleurs,»

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auf - u. mein Jesu - Barmherzigkeit - ..Vielleicht mehr als ich
selber - seid Ihr alle - meine allerteuersten Hinterbliebenen zu
bedauern - Auf Euch - auf meinem Kind besonders - wird ein
ganzes Leben lang dieser Schandtod lasten. Ich weiß, daß er
meinen so guten Eltern das Herz brechen wird. Darum bitte
ich Euch noch mal alle um Verzeihung - um Verzeihung für
alles, was ich Euch angetan habe - Trägt die schrecklichste
Prüfung aber christlich - Sie wird Euch allen zum Segen werden.
Ich opfere auch mein junges Leben dem lb. Herrgott auf, daß
dies Opfer allen - besonders meinem Söhnchen u. seiner
Mutter zum Segen werde - Bezüglich der Erziehung meines
herzlieben Söhnchen - habe ich Euch ja meine letzten Wün-
sche schon ausgesprochen - Ihr werdet sie durchführen : Meine
lieb Frauchen, Du wirst in Deiner Mama - in meinen Eltern
u. in unserem teueren Ernest eine sichere Stütze finden.
Nehmt ihn hin als mein heiliges Vermächtnis.
Was meinen letzten irdischen Verfügungen anbetrifft -
habe ich Sie Euch auch schon mitgeteilt - Es wäre für
mich natürlich - aber besonders für Euch - sicher ein großer
Trost - wenn ihr
meinen Körper freibekommen würdet
damit ich christlich bestattet werden könnte. Ich weiß nicht, ob
Euch diese Gnade gestattet wird. - Wenn nicht werde ich auch
das aufnehmen als demütige Sühne.

accueille-moi et toi, Jésus - Prends pitié - Pourtant vous, mes plus chers
qui allez me survivre, êtes davantage à plaindre que moi-même.
C’est sur vous - mais surtout sur mon enfant -
que cette mort honteuse pèsera tout au long de votre vie. Je sais
que cette mort brisera le cœur de mes si bons parents. C’est pour cela
que je vous demande encore une fois pardon.- Pardon
pour tout ce que je vous ai fait subir - Supportez la pire
des épreuves mais dans la foi chrétienne - elle sera pour vous tous une bénédiction.
J’offre aussi ma courte vie à Notre Seigneur, pour
que ce sacrifice à lui seul - devienne pour chacun de vous une bénédiction, en particulier pour mon petit garçon et sa mère.- En ce qui concerne l’éducation de
mon petit garçon chéri, je vous ai déjà fait part
de mes derniers souhaits. Vous les appliquerez,
ma chère petite femme. -Tu trouveras auprès de ta maman - de tes parents-
et de notre fidèle Ernest, un soutien indéfectible -
Acceptez-le comme mon testament sacré.
Quant à mes dernières dispositions ici-bas
je vous en ai déjà fait part. Savoir que mon corps
pourrait vous être remis
et recevoir des funérailles chrétiennes
serait, bien sûr pour moi, mais surtout pour vous,
une grande consolation. Je ne sais pas si cette grâce
vous sera accordée. – En cas de refus, j’accepterai aussi cela comme
un humble acte de repentir.

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Nun meine letzte Bitte : Oh - ihr meine Lieben die mich geliebt
erbarmet Euch meiner ! Betet viel für mich - lässt viele Messopfer
darbringen für mich - durch alle Priester die ich kenne - beson-
ders meine Jugendkameraden der Missionsschule - durch den
lieben Aloyse - u. meinen Onkel. - Auch Du, liebe Schwester Marie -
bete viel, viel für mich - Damit sich Gott meiner bald erbarme
und mich aufnehme zu sich in seine Seligkeit.
Ich werde als dann Euer aller Fürsprecher sein u. für Euch
Beten. Daß ihr alle noch hiernieder ein schönes
langes, glückliches Leben habt -
Ich sehe sie die schönen
Tage die bald wieder für das Elsass u. Euch alle aufgehen
Werden -Dann, denkt an mich ! -
Vergesst aber -
meine letzte Mahnung nicht : Ich sterbe im Glauben meiner
Jugend. Meine Sache ist wieder - durch meinen Glauben,
meine Leiden - die Sache Christus ! nein ! Es soll auch Ihre
Sache sein - Trauer - (Stets? Denn das ist der Sieg der die Welt überwindet (illisible).
Nun gebe ich Euch meinen letzten Bruderkuss im
Herrn - u. Auf baldiges Wiedersehen - im Jenseits - bei
Gott - wo wir einst alle uns wieder finden werden.
Mein zweitletzter Gedanke ist für Claudel u. Dich - mein
Frauchen - sowie für die lieben Eltern u. Alle Meinen. - Der letzte
Gedanke - für unseren Gott und Seligmacher.
Wieder Euch in Christus : Papa u. Géni

Maintenant ma dernière demande : Oh ! vous mes très chers qui m’avez aimé,
ayez pitié de moi ! Priez pour moi – faites dire beaucoup de messes
à mon intention - par tous les prêtres que je connais - en
particulier mes anciens camarades de l’école des Missions - par le
cher Aloyse - et mon oncle. - Toi aussi, ma chère sœur Marie,
prie beaucoup, beaucoup pour moi - Pour que Dieu me prenne bientôt en pitié
et me reçoive près de lui dans sa félicité éternelle.
Je pourrai alors intercéder pour vous tous et prier
pour vous : pour que vous ayez tous déjà ici-bas, une longue vie agréable et
heureuse. Je vois les beaux jours
qui se lèveront bientôt à nouveau sur l’Alsace et sur vous.

Souvenez-vous alors de moi ! Mais n’oubliez
pas mon ultime témoignage : je meurs dans la croyance de ma
jeunesse. Ma cause est à nouveau - par ma foi, mes souffrances, -
le Christ ! Non ! Cela devrait aussi être leur cause! (. Tristesse –
Toujours ? Car c’est cela la victoire que le monde dépassera . ??..Texte illisible- ratures)
Maintenant recevez mon dernier adieu dans le Seigneur--
Au revoir et à bientôt dans l’au-delà - près de Dieu
auprès duquel nous nous retrouverons tous un jour.
Mon avant-dernière pensée est pour mon petit Claude et pour toi,
ma chère petite femme - ainsi que mes chers parents et vous, tous les miens -
Ma dernière pensée - pour Notre Dieu et Seigneur
Nous nous reverrons dans le Christ :
Papa - Géni.

Kopie aus dem Bundesarchiv (copie des archives fédérales à Berlin)

Transcription et traduction : Marie-Claude Isner


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