WINTZENHEIM 39-45
Charles Baumann, typographe, membre du réseau Kléber
Charles
Baumann en 1972 (collection Lise Tornare)
Les faux cachets de Charles Baumann
Charles Baumann, né le 28 octobre 1910, servant du 1er avril 1941 au 31 janvier 1945 en qualité d'agent P.1 du Service de Renseignements Kléber (Uranus) des Forces Françaises Combattantes, puis servant volontairement et avec honneur dans les Forces Françaises de l'Intérieur, section du Haut-Rhin, du 2 au 10 février 1945, présente l'activité suivante pendant l'occupation allemande :
Travaillant à l'imprimerie Lorenz, 11 rue des Juifs à Colmar (actuelle rue Berthe-Molly), en qualité de typographe spécialiste du timbre en caoutchouc, il a fabriqué et fourni les timbres derrière le dos de son patron pour la fabrication des fausses cartes d'identité et passeports permettant aux évadés français et aux patriotes alsaciens un passage heureux des frontières. Spécialement le réseau Famille Martin et Kléber ainsi que le groupe de résistance de la Vallée de Munster et Kaysersberg, dirigé par M. l'abbé Vuillemin de Zimmerbach, ont usé du courage et de la dextérité de Charles Baumann.
A côté de cette activité fructueuse, il a assisté continuellement les réfractaires cachés dans nos forêts, en relation avec l'Abbé Vuillemin, en leur procurant soit des aliments, soit des vêtements.
Lors de la Libération, il a été engagé à rejoindre immédiatement son poste pour la fabrication de timbres pour l'armée française et la préfecture.
Source : Rapport sur l'activité de M. Charles Baumann, chef d'équipe, brigadier de police à Wintzenheim
Charles et Madeleine Baumann vers 1948
Source : Livre d'Or de la France Combattante et Résistante, Éditions Gloire 1948, Exemplaire n° 3611 imprimé pour Charles et Madeleine Baumann de Wintzenheim,
qui ont hébergé et ravitaillé des prisonniers évadés, et fourni des faux papiers aux membres des réseaux "Kléber" et "Libé-Nord".
Sont également cités dans cet ouvrage : Charles et Hilda Baldenwech, ainsi que Lucien Riedinger.
Témoignage de Charles Baldenweck
Charles Baumann était à partir du mois de juin 1940 associé à notre réseau. Il était chargé de faciliter le passage des prisonniers français, chose souvent très difficile pour tant de prisonniers qui souhaitaient retourner à l'intérieur.
Comme agent des réseaux Famille Martin et Pat Oleary D.R.46, j'avais la charge de procurer des faux papiers. M. Baumann, qui était membre des réseaux Kléber et Pat Oleary D.R.46, préparait des cachets officiels comme typographe.
M. Baumann a su me faire 5 jeux de différents cachets : l'un a été donné à Mulhouse chez notre camarade Achille Bay, l'autre au Capitaine Francis Faller, un autre à l'inspecteur de Sûreté nationale camarade Éric Edenwald, Colmar (fusillé par la Gestapo le 2 mai 1944), un autre au camarade Alphonse Hurth (décapité par la Gestapo le 22 septembre 1944), et le dernier était pour moi.
M. Baumann savait très bien combien sa propre vie était en danger, et malgré cela il s'efforçait d'aider par ses moyens et son courage ces pauvres prisonniers pour leur permettre de retourner dans leur pays "La France".
Source : Charles Baldenweck, 14 mai 1960
Témoignage de Francis Faller
Je soussigné Francis Faller, Lieutenant au Gouvernement Militaire à Baden-Baden, certifie que M. Charles Baumann de Wintzenheim a été un agent très actif de la Résistance et ceci spécialement dans le Service des Renseignements. Par ailleurs, M. Baumann a fourni au Réseau Martin, dont j'ai l'honneur d'être le Chef en Alsace, les cachets et papiers nécessaires à la fabrication de fausses cartes d'identité servant au passage de prisonniers de guerre évadés, désireux de rejoindre les Forces Françaises Libres.
Source : Francis Faller, 5 mars 1949
Témoignage de l'abbé Paul Vuillemin
Je soussigné, Paul Vuillemin, alias Capitaine Paul Marcel, Chef de la Résistance de la vallée de Munster et environs, certifie que Charles Baumann nous fit durant l'occupation, les timbres en caoutchouc permettant la falsification de passeports, et l'établissement de faux papiers.
Source : Paul Vuillemin, 7 février 1946
Témoignage de René Olry
Je soussigné, René Olry, domicilié à La Forge, certifie que M. Charles Baumann est venu à plusieurs reprises durant la guerre m'amener six prisonniers de guerre français évadés d'Allemagne pour que je les fasse passer en France.
Source : René Olry, 9 mai 1946
Témoignage de Jean-Jacques Foursans-Bourdette
J'ai très bien connu M. Charles Baumann pendant l'hiver 1939-40. J'étais à cette époque mobilisé au II Régiment de Génie Divisionnaire, 54 Division en période d'attente à Wintzenheim. C'est en avril 1940 que nous quittâmes ce cantonnement pour rejoindre à Marckolsheim nos positions de première ligne, face au Rhin. Pendant ces mois d'hiver très rigoureux, j'eus la chance de connaître M. et Mme Baumann. Ils se distinguèrent par leur dévouement et leur charité aux militaires. Personnellement, ils me logèrent et me nourrirent chaque soir bénévolement. D'ailleurs, je ne fus pas le seul militaire à bénéficier de leurs bienfaits.
Fait prisonnier à Corcieux (Vosges) le 25 juin 1940, nous fûmes emprisonnés à la caserne du 152 d'Infanterie à Colmar. Pendant un mois que dura notre séjour, notre nourriture était inexistante. Ils m'apportèrent fréquemment des colis de victuailles. En cette pénible période, cela me permit d'en partager le contenu avec les plus déshérités d'entre nous...
Source : Jean-Jacques Foursans-Bourdette, de Bergerac, 2 octobre 1978
Les faux timbres en caoutchouc fabriqués par Charles Baumann (collection Lise Tornare)
Charles
Baumann au début de sa carrière à la commune de Wintzenheim (collection Lise
Tornare)
Le décès de M. Charles Baumann, brigadier de police en retraite
C'est avec consternation que la population de Wintzenheim a appris le décès subit le 30 novembre 1972 à l'âge de 62 ans de M. Charles Baumann, ancien conseiller municipal. Nommé brigadier de police en 1949, il a oeuvré au sein de la commune pendant 19 années. En 1933, il épousa Mlle Madeleine Meyer. De cette union sont nés trois filles qui ont fondé leur propre foyer.
Source : L'Alsace et les DNA du vendredi 1er décembre 1972
D'importantes obsèques pour M. Charles Baumann
Samedi, après une messe de requiem à l'église paroissiale, se déroulèrent les obsèques de M. Charles Baumann, ancien brigadier de police à Wintzenheim, domicilié 96 rue Clemenceau, décédé à l'âge de 62 ans. M. l'abbé Billiger, chargé d'âmes, donna l'absoute. Dans son homélie, il demande à l'assistance d'être toujours prête pour l'éternité. La chorale Sainte-Cécile a rehaussé de chants l'office funèbre.
Le deuil était conduit par M. Borocco, député, et M. Meyer, adjoint et parent du défunt. On remarquait : MM. Siegel, maire, Freudenreich, adjoint, des conseillers municipaux, le personnel communal conduit par M. Turri, secrétaire général de la mairie, une forte délégation de l'UNC avec drapeau conduite par M. R. Schmitt, président, la classe 1910-1930, une délégation des sapeurs-pompiers, du Football-club, de la Société de pêche, de l'ADEIF, du Club-Vosgien, des agents techniques des Eaux et Forêts.
Après les dernières prières du célébrant, M. E. Zind dit un ultime adieu au nom de la classe 1910 et déposa une couronne en l'honneur du camarade disparu, suivi dans ce pieux geste par M. R. Schmitt, président de l'UNC qui évoqua le résistant du réseau Kléber pendant la guerre, et M. Siegel, maire, qui qualifia le disparu d'employé consciencieux et d'ami personnel, adressant ses condoléances à la veuve et aux trois filles, mariées. Le drapeau de l'UNC s'inclina une ultime fois et chacun pris congé d'un homme serviable.
Source : L'Alsace et les DNA du dimanche 3 décembre 1972
Souvenir : les policiers municipaux
De gauche à droite :
Charles Jamm devant la porte du cachot de la mairie (s'Gigerla),
Eugène Burgunder devant le thermomètre municipal, et Charles Baumann
(collection Lise Tornare, née Baumann)
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