WINTZENHEIM 39-45

Juin 1940 : Edmond Schillinger s'évade grâce à Louis Voegtli


Wintzenheim Edmond Schillinger (photo Guy Frank, 16 décembre 2001)

Juin 1940 : Edmond Schillinger s'évade grâce à Louis Voegtli

En juin 1940, comme j'étais mécanicien automobile, l'armée française m'avait affecté au 7e Bataillon du Train et confié un camion-atelier. Je n'étais pas en uniforme, mais en bleu de travail. Je m'occupais de l'entretien des véhicules militaires. Vers le 18 juin, nous sommes arrivés à Travexin, près de Cornimont (Vosges). Nous avons garé nos camions dans la cour d'une usine. Notre sergent-chef nous a donné à chacun un fusil, et, laissant nos paquetages dans les camions, nous avons pris position pour attendre l'arrivée des troupes ennemies. Les Allemands sont arrivés en force : panzers, auto-mitrailleuses, camions chargés de soldats. Au premier coup de fusil tiré par les Français, ils ont arrosé toute la forêt avec leurs mitrailleuses. Devant leur supériorité en nombre et en armes, nous n'avions pas d'autre solution que de prendre la fuite, cherchant un abri dans la forêt où nous avons passé plusieurs jours, dormant à la belle étoile, avant d'être fait prisonniers.

Lorsque par la suite les Allemands ont décidé d'acheminer les prisonniers français vers Colmar, ils ont réquisitionné des chauffeurs, et c'est ainsi que j'ai conduit un camion de prisonniers. Nous sommes revenus en colonnes par le col du Bonhomme et Kaysersberg. La population se tenait au bord de la route, et nous proposait des victuailles. A Colmar, tous les prisonniers français ont été rassemblés dans la caserne rue Fleischhauer. Les Colmariens et les gens des alentours s'approchaient des grilles, nous distribuant de la soupe et de la nourriture, cherchant à reconnaître un mari ou un fils parmi les milliers de soldats retenus là par les Allemands.

Je guettais moi aussi, espérant voir un visage connu. C'est ainsi que j'aperçus mon père. Il travaillait comme serrurier chez Scheuer-Tempé et passait à la caserne avec son vélo pour savoir si je me trouvais parmi ces milliers de prisonniers massés dans la cour. Il a pu me glisser un paquet contenant quelques vivres, du pain, du lard... Je lui ai demandé de prévenir Louis Voegtli, le maire de Wintzenheim. Je le connaissais bien, car j'entretenais sa voiture depuis des années. Le lendemain, Louis Voegtli est venu me parler à travers les grilles de la caserne. Il m'a dit qu'il avait garé sa voiture à proximité, le long de la clôture, en laissant tourner le moteur, et il est parti à pied. J'ai attendu que la sentinelle s'éloigne, sauté par-dessus les grilles, bondi dans la voiture, et démarré en douce. Au coin de la rue, j'ai tourné vers la ville et récupéré Louis Voegtli qui m'attendait. C'est grâce à lui que j'ai pu m'évader et rentrer chez moi...

Source : Edmond Schillinger, témoignage recueilli par Guy Frank le 25 mars 2004



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