WINTZENHEIM 39-45

L'internement de Charles Meinhardt et de ses fils

Charles MEINHARDT : interné avec ses fils

MEINHARDT Charles (1883), MEINHARDT Florent (1913) ; MEINHARDT Hugo (1920), MEINHARDT Valentin (1920)

Charles Meinhardt est le fils d’Eugène Meinhardt, considéré à l’annexe wintzenheimoise de Logelbach comme le fondateur de la communauté manouche qui s’est installée à l’été 1934 sur le terrain longeant le ruisseau, l’actuel chemin du Bentzen. En 1934, et muni de l’autorisation du maire, Eugène s’y installe avec ses fils Jean-Baptiste, Charles et Jules.
Le 14 février 1943, trois MEINHARDT, en parenté avec la communauté manouche, rom et sinti de Wintzenheim-Logelbach, sont internés au camp d’internement et de séjour surveillé de Fort-Barraux, situé en Isère dans la Vallée du Grésivaudan, sur le territoire de la commune de Barraux. La fortification bastionnée a été construite en 1597-1598 sur ordre du duc de Savoie Charles-Emmanuel, pour défendre l’entrée du Grésivaudan aux troupes du roi de France.

MEINHARDT Charles. Né le 25 septembre 1886 à Hüttwil, dans le canton suisse de Berne. Il sait lire et écrire, exerce le métier de terrassier, mais s’exprime difficilement en français. Expulsé d’Alsace en 1941, il se rend à Béziers. Il a été arrêté à Perpignan pour le vol d’une somme de 120 F, n’a pas pu présenter de pièces d’identité et a été conduit dans un des camps d’internement qui accueillent, selon le vocabulaire vichyste, les « indésirables » dès octobre 1940. Les autorités françaises de la zone sud l’internent successivement à Argelès, Barcarès (3 mois), Rivesaltes et Saliers (3 mois), d’où il s’évade avant d’être repris et placé le 14 septembre 1942 au Fort-Barraux, qui est un camp « de séjour surveillé ». Les actes d’internement le désignent comme sans-domicile-fixe, bien que Charles déclare constamment être domicilié à Saint-Clair, 11 Grand’Rue, dans la banlieue de Lyon, et soulignent ses habits « très usagés, en loques ».
Dans une lettre qui date sans doute de son séjour au Fort-Barraux, il demande sa libération pour rejoindre son père. Il est autorisé à quitter le camp le 24 février 1944, mais astreint à résidence à Voiron. Une décision de 1943 mentionne son transfert au camp de Nexon où la décision de libération sous contrainte aurait dû lui parvenir.

MEINHARDT Florent. Deux fils, tous deux célibataires de Charles Meinhardt et de son épouse Catherine Krems, parmi les neuf, âgés à cette époque (1943) entre 17 et 30 ans, sont placés à Fort-Barraux à la même date que leur père. Outre Hugo, c’est le cas de Florent, né le 9 janvier 1913 à Oberhaslach. Seuls Charles et Florent savent lire et écrire. La profession indiquée pour les fils est celle de manœuvre. Tous ont des difficultés avec la police de Vichy, qui les place en résidence très surveillée et les déplace sans ménagements d’un camp à un autre. Mais seuls les hommes sont internés, l’épouse de Charles séjourne à Saint-Clair. Tout en les considérant comme Français, le régime de Vichy n’hésite pas à leur appliquer un traitement particulier, comme il le fait aussi pour les juifs !

MEINHARDT Hugo. Fils de Charles, né le 11 octobre 1920 à Meinheim, en Bavière (Mittelfranken). Il arrive au Fort-Barraux le 21 juin 1943, pour y être interné en même temps que Valentin Meinhardt, né le 14 février 1912 à Wihr-au-Val (Haut-Rhin). Hugo quitte Fort-Barraux le 23 août 1943 : il est transféré au camp de Nexon (Haute-Vienne). La notice individuelle que le camp de Fort-Barraux « camp de séjour surveillé » renseigne à son intention le décrit comme un jeune homme de 23 ans, de belle taille (1m78), aux cheveux bruns, aux yeux verts, au visage régulier et au « teint bronzé » (sic), qui ne sait ni lire ni écrire. La fiche mentionne explicitement qu’il est un « Français d’origine, de race aryenne et de religion catholique ». Il n’est pas fait mention de Valentin dans un autre document.

Société d’Histoire de Wintzenheim, Daniel Morgen

Sources :
- Archives départementales de l’Isère : 15 w 209.
- Association de sauvegarde et de valorisation de Fort-Barraux. Nos chaleureux remerciements à Patrick Deschamps, guide-conférencier, et à Pierre Marzocca, président de l’association, pour leur aide très appréciée.
- Guy Frank, Aimé Spitz : les origines du camp manouche de Logelbach. En ligne sur le site http://wintzenheimlogelbach.free.fr

Hugo Meinhardt

Wintzenheim
Hugo Meinhardt vers 1960
(photo Alphonse Voegtli)
Wintzenheim
Hugo Meinhardt en 2003 dans sa roulotte
(photo Guy Frank)

Hugo Meinhardt est décédé le 9 janvier 2008 à l'âge de 87 ans.
Il est inhumé au cimetière de Wintzenheim-Logelbach.

Les Manouches du Logelbach


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