WINTZENHEIM 39-45

Germain Kessler fausse compagnie aux Allemands


WintzenheimGermain Kessler est né à Colmar le 10 avril 1920. Le 24 octobre 1939, il s'engage au 5e Génie (collection Fabrice Kessler)

Germain Kessler fausse compagnie à trois reprises aux avant-gardes allemandes

Je me suis engagé dans l'armée, en 1939, à Mulhouse, à l'âge de 19 ans. J'ai été affecté au 5e régiment du génie à Versailles, puis à Toul. De là, nous sommes allés à Mulhouse, mais une section de notre train-parc dont je faisais partie a été détachée à Bantzenheim où la mission consistait à enlever les rails de chemin de fer, à les numéroter puis à les transporter à Mulhouse.

En juin 1940, nous avons reçu l'ordre de nous replier mais comme notre unité avait déjà quitté les lieux, une camionnette a été réquisitionnée à la brasserie de Lutterbach et nous sommes partis ainsi vers le sud.

En cours de route, notre camionnette a été rattrapée à trois reprises par des motocyclistes allemands qui chaque fois nous ont intimé l'ordre de faire marche arrière. La première fois c'était à Arbois, dans le Jura. Chaque fois, nous avons rebroussé chemin avec notre véhicule à la vue des Allemands mais, dès qu'ils avaient disparu, nous avons à nouveau repris notre route initiale, d'autant que ces motocyclistes n'étaient suivis d'aucune troupe. Nous avons retrouvé notre unité à Clermont-Ferrand. Après la cessation des hostilités, j'ai été affecté dans l'infanterie à Annecy, c'est-à-dire dans l'armée d'armistice en zone libre. Comme engagé, il était en effet hors de question pour moi de revenir en Alsace. Après l'invasion de la zone non occupée, le 11 novembre 1942, les Allemands sont venus peu de jours après pour demander aux Alsaciens-Lorrains de réintégrer le Grand Reich. J'ai aussitôt quitté la caserne avec quatre ou cinq autres Alsaciens-Lorrains pour nous cacher en ville en nous éparpillant. En ne rentrant pas en Alsace, je devenais insoumis aux yeux des occupants et en même temps déserteur de l'armée française (car l'armée d'armistice n'a été dissoute officiellement qu'à la fin de novembre 1942) et donc recherché par la police.

En janvier 1943, j'ai rejoint le maquis du Vercors avec deux autres camarades. A la fin de la même année, j'ai rejoint les Francs-tireurs et partisans de la région parisienne, à Toussus-le-Noble. Comme ancien du génie, j'ai fait partie des groupes de sabotage des ponts et de la diffusion des tracts. J'étais également agent de liaison car je parlais allemand. Un jour, je suis allé en liaison de Dijon à Dole, alors en zone interdite. Avec un macaron du parti nazi (l'insigne de la NSDAP avec croix gammée), j'ai pu voyager au milieu des Allemands, même sans billet. Le macaron que je portais avait un diamètre réservé aux membres importants du parti et me permettait de passer partout, avec des égards même. A Dijon, une autre fois, la police française m'a arrêté comme saboteur parce que je rôdais autour d'un terrain où avait été abattu un avion américain. Après avoir été incarcéré, on m'a remis à la police allemande. Celle-ci m'a relâché, non sans avoir fait de violents reproches aux policiers français car, disaient-ils, ils avaient appréhendé un civil allemand. Je dois dire que ce jour-là, après avoir berné les deux polices, j'ai vraiment eu chaud, très chaud, et assurément c'est la connaissance de la langue allemande qui m'a sauvé.

J'ai participé à la libération de Paris avec la 2e DB les 24 et 25 août 1944. J'ai ensuite effectué la campagne d'Allemagne. En 1946, je suis affecté à Berlin dans le service culturel auprès des jeunes Français en occupation.

Source : René Meyer, 13 destins ou les malheurs d'une province en danger, Saisons d'Alsace n° 109 - Automne 1990


WintzenheimGermain Kessler en 1980 (collection Fabrice Kessler)

Germain Kessler dans la vie civile

- Germain Kessler fait sa scolarité à l'école communale de Wintzenheim et passe son CEP en 1934.
- De 1934 à 1937, il est apprenti-mécanicien, et obtient le CAP en 1938.
- En 1946, il se marie avec une Versaillaise, Simone Geslin, qui lui donne une fille et un garçon.
- En 1950, il revient à la vie civile et à Wintzenheim, avec le grade d'adjudant-chef.
- En 1954, il obtient le brevet de maîtrise de mécanicien. Il travaille alors comme mécanicien, puis comme chauffeur.
- De 1958 jusqu'à sa retraite en 1980, il travaille chez RPT (Crylor) à Colmar.

Source : L'Alsace du mardi 10 avril 1990

Vie associative

- En 1932, à l'âge de 12 ans, et jusqu'en 1936, Germain Kessler est gymnaste au cercle catholique (Bangala) de Wintzenheim.
- De 1936 à 1939, on le voit membre et animateur à la F.S.G.T. (Fédération sportive et gymnique du travail).
- Revenu à la vie civile, il est animateur et président jusqu'en 1965 de l'accordéon-club "Hohlandsbourg" de Wintzenheim.
- En 1969, il fonde l'association sportive Crylor à Colmar, comprenant 10 disciplines sportives. Il en est le président jusqu'à sa retraite en 1980.

Source : DNA du mercredi 16 janvier 1991

Germain Kessler est décédé à Wintzenheim le 2 décembre 1991


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