WINTZENHEIM 39-45

La chronique de Roger Hirlemann


Au moment de la Libération, M. Hirlemann était âgé de 17 ans. Jour après jour, il avait noté les événements parvenus à sa connaissance, principalement ceux dont il a été le témoin oculaire. Chaque ligne dans ses notes reflète le danger grandissant de la guerre. Tout au long des pages, il n'est question que de reconnaissances, de bombardements, de combats aériens, d'alertes à chaque heure du jour et de la nuit.

Mais c'est à partir de novembre 1944 seulement que ce jeune chroniqueur commence à parler des véritables combats de la libération de l'Alsace. Il voit parfois bien au delà des limites de son village, ce qui fait supposer qu'il fut en ces temps un fervent auditeur de la BBC et d'autres postes alliés. Le 1er décembre, il nous apprend que des ponts, des routes importantes et certains immeubles à Colmar et dans la région, sont minés par la Wehrmacht. Apparemment celle-ci n'espère plus pouvoir stopper l'avance des forces alliées. Le 7 décembre, il est fait mention du bombardement du pont sur l'Ill à Horbourg par l'artillerie, de fortes canonnades dans la région de Bennwihr, Ostheim, Houssen et au Florimont et de gigantesques incendies à Ostheim et à Bennwihr.

Bennwihr

Bennwihr, 27 décembre 1944 - De furieux combats ont eu lieu dans ce petit village situé au Nord-Est de la Poche de Colmar
(collection Musée Mémorial des Combats de la Poche de Colmar)

En ce temps avant Noël 1944, Wintzenheim et sa population étaient en quelque sorte les lointains témoins de la destruction des villages de la poche de Colmar, en attendant que la guerre vint leur imposer à leur tour les innombrables malheurs d'une cité emprisonnée entre les lignes de feu.

Le front se rapproche

Chaque matin, les habitants angoissés durent constater que le front s'était encore rapproché du village, et que le danger avait augmenté. Pour la première fois, le 9 décembre, les obus tombaient dans les proches alentours du bourg. L'artillerie française avait pris la halte de Wettolsheim pour objectif où un immeuble avait été dévasté.

Le jour suivant, des obus tombèrent encore sur Colmar et Logelbach. Un immeuble des usines Herzog fut incendié. Nous ne mentionnons ces événements d'une importance toute relative uniquement parce qu'ils préludèrent une longue série de bombardements qui pratiquement, n'ont cessé que quelques jours avant la libération.

Et les événements allèrent vite. Le 15 décembre, on perçoit nettement à Wintzenheim le feu des mitrailleuses. Serait-on déjà à l'heure de la libération ? Non pas ! Avant que ne se réalise ce vœu cher à tous les bons Français, la population dut encore traverser de multiples épreuves. Elle devait auparavant connaître le cauchemar du séjour dans les caves, se sentir envahie par la peur au moment des bombardements et verser ses larmes devant les corps meurtris de nombreux concitoyens.

Wintzenheim subit son premier bombardement

La journée du 19 décembre occupe une place particulière dans le journal de M. Hirlemann. Ce jour-là il note le premier bombardement de la localité même. Jusque-là Wintzenheim n'avait vu éclater les obus que près de Colmar, au Logelbach, aux confins de la poche de Colmar. Mais cette fois le bourg était directement visé. Cinq obus ont éclaté et causé de graves dégâts. Les immeubles E. Grawey et A. Breysacher furent touchés et d'autres projectiles sont tombés dans le haut du village.

Cinq jours plus tard, la veille de Noël, deux obus tombaient près des Ets Schiele (actuel site Jaz) mais sans éclater. L'un sautait le lendemain sans faire de victimes. Ce même jour Logelbach, Turckheim et la zone comprise entre Turckheim et Wintzenheim essuyèrent un bombardement d'artillerie. Le jour de la Saint-Etienne (26 décembre), ce fut à nouveau le tour de Wintzenheim même. Au début de l'après-midi, des obus avaient explosé dans le voisinage des immeubles Deiber, Brauneisen, Hebinger et Andrès, ainsi que derrière la chapelle, occasionnant des dégâts matériels. Le bombardement repris le soir vers 22 heures. Les projectiles avaient alors creusé des entonnoirs derrière l'hôtel Meyer et causé des pertes aux militaires allemands.

De nouveaux tirs d'artillerie sur Wintzenheim eurent lieu le 27 décembre. Cette fois-ci, M. Hirlemann note des dévastations dans les maisons des familles Schneider, Zind, Eugène Freyburger, Muller, du notaire Me Boulanger et dans les granges Kling et Joseph Hirlemann. D'autres obus avaient éclaté dans les vignes.

Une triste fin d'année

L'année 1944 avait pris fin au milieu de la canonnade et des combats. La nuit de la Saint-Sylvestre fut une nuit d'épouvante et de cauchemar au cours de laquelle personne n'avait songé à s'amuser. L'avenir pesait lourdement sur les habitants de toute la région de Colmar. Que réservera-t-il ? La libération viendra certes, mais à quel prix ? En effet, Wintzenheim n'a pas échappé à son destin. Certes, il ne devait pas connaître les misères de l'évacuation, ni de la destruction massive, mais ses habitants ont beaucoup pleuré et vu mourir de nombreux d'entre eux au milieu de la tourmente.

Source : Avant de connaître l'heure glorieuse de sa libération, Wintzenheim a lourdement payé son tribut à la guerre, DNA du mercredi 13 janvier 1965

Wintzenheim

Durant l’hiver 1944-45, la bataille de la poche de Colmar fit rage. Devant les risques, la population fut obligée de se réfugier dans les caves pour s’abriter des bombardements. Souvent plusieurs familles se regroupaient dans une cave plus solide que les autres. Un groupe d’habitants de Wintzenheim a trouvé protection chez M. Berna dont la maison était située à l’angle des rues Clemenceau et de Turckheim (collection Guy Frank).


Les villages détruits pendant les combats de la Poche de Colmar 

Ammerschwihr Ammerschwihr

(collection Musée Mémorial des Combats de la Poche de Colmar)
Bennwihr

(collection Musée Mémorial des Combats de la Poche de Colmar)
Bennwihr
Ostheim Ostheim

(collection Guy Frank)

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