WINTZENHEIM 39-45

Les Résistants


Résistance

« Que faut-il entendre par Résistance ? Qu’est-ce qu’un résistant dans un pays annexé ? »

Telle est la question de Jean-Laurent Vonau qui, à la page 333 de « L’Alsace annexée 1940-1945 » (Le Signe, 2022), observe que résister prenait une tout autre dimension en Alsace que dans la France simplement occupée par l’armée allemande. L’historien poursuit ainsi :

« Pourtant la bravade de l’interdit, l’attitude de refus, puis le passage à la rébellion se constatent dès l’annexion de fait. »

Effectivement, dès la fin de l’année 1940, des Alsaciens et des Alsaciennes entreprennent les premières actions d’opposition et de résistance à l’annexion et à l’embrigadement nazi. Ces actions silencieuses s’observent dans trois domaines principaux.

 

- La protestation, qui se traduit par des affichages, des actions de sabotage, est l’une des plus immédiates, mais en général, elle se prolonge dans des actions souterraines plus structurées, dont la distribution de libelles qui rétablissent la vérité cachée par les Nazis. Cette protestation se développe assez vite dans d’autres actions : la résistance économique, l’aide à l’évasion.

 

- L’aide à l’évasion. C’est aussi la principale. Elle naît d’initiatives personnelles et de groupes, en réponse à des sollicitations extérieures de prisonniers de guerre en fuite, de compatriotes en danger. Peu à peu s’élaborent ainsi, par des contacts individuels, des filières de passage au-delà des Vosges, via toutes les vallées du massif, mais aussi dans le sud de la région et le long du Jura alsacien vers la Suisse. D’autres filières, celle des bateliers, celle du rail jouent un rôle très important dans les évasions.

 

- La résistance économique nait d’actions individuelles d’espionnage et de communication d’informations, dont des aménagements et des constructions, des plans…Cette résistance donne lieu à la création d’organisations qui se développent par le bouche-à-oreille et dont il va être souvent question dans les biographies publiées ici-même.

 

Le réseau Martial (ancienne 7e colonne), l'organisation Bareiss, mais aussi des filières d'évasions ont eu des contacts à l'extérieur de l'Alsace. Certains de leurs membres, femmes et hommes, n'ont pas hésité à franchir la ligne de démarcation jusqu'en novembre 1942 dans les deux sens au mépris de tous les dangers. Cette résistance prend aussi la forme d’une résistance politique : nous lui devons les groupes mobiles d’Alsace (GMA), le GMA Suisse et la Brigade Alsace-Lorraine qui ont participé en 1944 à la libération de la France et de l’Alsace avec la Première Armée française.

Société d'Histoire de Wintzenheim, Daniel Morgen


Quelques résistants de Wintzenheim victimes des Nazis

Condamnés à mort :

Eugène BOEGLIN
Albert BUHL
Clément HELFER
Alphonse HURTH
Joseph RIEDINGER
Auguste SONTAG
Louis VOEGTLI

Déportés :

Charles et Hilde BALTENWECK
Robert CLOR
Marthe RICHERT
Alice SCHMITT et Lucien GROSPERRIN
René SCHMITT
Robert SIBLER


Dans le ventre de la Gestapo

C'est paradoxalement un pan d'histoire qui reste très largement à écrire. Paradoxalement, car si la Seconde Guerre mondiale est un sujet de recherches fécond depuis des décennies, a fortiori en Alsace-Moselle où elle prit une forme dramatique et unique, la résistance au nazisme au coeur même de cette partie de la France annexée par le Reich, elle, reste un champ d'étude encore largement inexploré.

Car en Alsace aussi, la Geheime Staatspolizei, la police secrète d'État, a traqué les opposants, les réfractaires, les francophiles et les communistes, comme elle l'a fait sans relâche en Allemagne même et dans les pays occupés ou annexés. Emprisonnant, torturant, déportant, notamment au camp de concentration de Natzweiler-Struthof, ceux qui oeuvraient dans la clandestinité à l'affaiblissement de l'occupant et travaillaient à sa chute puisque, contrairement aux idées reçues, la résistance était extrêmement active en Alsace-Moselle.

 Ils étaient ouvrier, serrurier, épouse de cheminot, mineur, manoeuvres, employé de mairie ou tourneur, et tous ont payé de peines d'emprisonnement, de torture ou de leur vie leur engagement contre le fascisme.
Quasiment tous arrêtés par un pouvoir d'une férocité allant grandissante au fil de la guerre, ces résistants et résistantes du quotidien qui aidaient là un réseau de passeur, distribuaient ici des tracts, cachaient ailleurs des déserteurs de l'armée allemande, venaient d'Alsace, de Lorraine, et de tout le continent : des hommes et des femmes que les nazis ont voulu effacer et que l'histoire avait oubliés.

Au fil des quelque 800 pages de l'ouvrage, défilent ainsi non seulement la mécanique de la machine nazie mais aussi des existences, des figures et des parcours héroïques dont l'histoire n'était pas censée retenir le nom et qui ont été salutairement tirés de l'oubli.

Un camp de la Gestapo à Metz, livre mémorial des détenus du camp spécial SS au fort de Queuleu 1943-1944de Michaél Landolt et Cédric Neveu aux éditions La Nuée Bleue. 786 pages, 55 E.

Source : Dans le ventre de la Gestapo, P.C., L'ALSACE du 9 janvier 2025

 



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