Le décret du 8 mai 1941 introduit l'obligation du service dans le RAD (Reichsarbeitsdienst ou Service national du travail) pour les femmes et les hommes d'Alsace et Moselle entre 17 et 25 ans. Après le passage au conseil de révision, les premiers ordres d'incorporation pour une durée de six mois arrivent en novembre 1941. Les filles, après six mois de RAD, furent versées dans le Kriegshilfsdienst (KHD), service auxiliaire de guerre : défense antiaérienne, Luftwaffe, marine, armée de terre, usines d'armement, etc
Leur jeunesse a été ravagée par la guerre et, parce qu'elles étaient nées en Alsace ou en Moselle, elles furent dans les 15.000 à connaître l'expatriation et l'humiliation de travailler sous la contrainte au service du régime nazi. Elles sont parties pour de longs mois, des années parfois, loin de chez elles. Alsaciennes et Mosellanes, leur région a été annexée au IIIe Reich après la défaite de 1940 et elles ont dû, contre leur gré, servir dans le Reichsarbeitsdienst (RAD), dans le Kriegshilfsdienst (KHD) ou directement dans l'armée (Wehrmacht). Elles ont eu à travailler aussi bien dans une ferme que dans une usine à munitions, dans un service de communications ou comme bonne d'enfants chez des notables allemands.
15.000 femmes alsaciennes et mosellanes, nées de 1923 à 1926, furent ainsi enrôlées de force après l'annexion du territoire par le IIIe Reich en juin 1940. Ce « service du travail » ou Reichsarbeitsdienst a été, pour bon nombre d'entre elles, une incorporation dans le dispositif de guerre de l'Allemagne nazie. Les dirigeants du IIIe Reich voulaient tout d'abord rééduquer la jeunesse des territoires annexés. Chez les plus jeunes, cela s'est traduit par les embrigadements dans la Hitlerjugend pour les garçons et dans le BDM (Bund Deutscher Mädel) pour les filles où il était question de « défranciser, germaniser et nazifier. »
Dès 17 ans, les jeunes filles étaient appelées à entrer au RAD (Reichsarbeitsdienst) ou service de travail obligatoire pour le Reich. Les récalcitrantes se voyaient envoyées à Schirmeck ou au Struthof. Elles passaient ensuite une sorte de conscription où on leur demandait de défiler en tenue d'Ève devant un apanage de médecins masculins, à la grande honte de ces jeunes filles, élevées dans un milieu souvent assez pieux. Ensuite, elles étaient envoyées un peu partout en Allemagne, en ordre dispersé pour bien se « fondre dans le moule ». Elles étaient hébergées dans des camps où on leur enlevait tout effet personnel et toute occasion de réfléchir. On les revêtait de tenues stéréotypées, leur enjoignait des activités sportives et un travail éreintant à l'extrême, avec une alimentation très contrôlée, voire chargée en produits pharmaceutiques nocifs pour créer des aménorrhées, au point que nombre d'entre elles en sont devenues stériles. Le travail consistait soit à entretenir le camp en accomplissant des tâches souvent très dégradantes, soit à devenir des « Arbeitsmaid », des filles de ferme employées dans les exploitations agricoles des alentours. Dans les camps, elles subissaient les brimades des cheftaines et ne bénéficiaient d'aucune intimité.
Peu après octobre 1942, elles furent enrôlées dans le KHD (Kriegshilfdienst)
ou service d'aide à l'effort de guerre : défense antiaérienne, Luftwaffe,
marine, armée de terre, usines d'armement et chimiques.
On les envoya dans les usines pour travailler sur des machines-outils à des
cadences infernales, ou encore manipuler des cocktails toxiques, jusqu'à 10 ou
12 heures par jour. Beaucoup d'entre elles essayaient, de saboter le travail.
Environ 4.000 Alsaciennes et Mosellanes se sont retrouvées dans la Luftwaffe
en tant que Flakhelferinnen (défense aérienne), opératrices
de liaison au sol, ou chargées de préparer des bases d'atterrissages nocturnes. Vers 1945,
on constitua même un bataillon de femmes pour pallier au manque de troupes. On a
noté de nombreuses désertions, mais celles qui se sont fait arrêter ont connu
des destins tragiques.
Source : comptes-rendus de conférences de Marlène Anstett, auteur du livre "Gommées de l'Histoire - Des françaises incorporées de force dans le Service du Travail féminin du IIIe Reich", Éditions du Signe (paru le 15 décembre 2015)
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